« Le bonheur est dans le pré » est l’un des poèmes les plus connus de Paul Fort, souvent appris à l’école et récité comme une comptine. Mais derrière sa simplicité apparente se cache une œuvre poétique profonde, écrite en 1917, en pleine Première Guerre mondiale. Voici le texte complet, son interprétation et les clés pour comprendre ce classique de la poésie française.
📜 Texte intégral du poème « Le bonheur est dans le pré » de Paul Fort
Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite, cours-y vite.
Le bonheur est dans le pré. Cours-y vite. Il va filer.
Si tu veux le rattraper, cours-y vite, cours-y vite.
Si tu veux le rattraper, cours-y vite. Il va filer.
Dans l’ache et le serpolet, cours-y vite, cours-y vite.
Dans l’ache et le serpolet, cours-y vite. Il va filer.
Sur les cornes du bélier, cours-y vite, cours-y vite.
Sur les cornes du bélier, cours-y vite. Il va filer.
Sur le flot du sourcelet, cours-y vite, cours-y vite.
Sur le flot du sourcelet, cours-y vite. Il va filer.
De pommier en cerisier, cours-y vite, cours-y vite.
De pommier en cerisier, cours-y vite. Il va filer.
Saute par-dessus la haie, cours-y vite, cours-y vite.
Saute par-dessus la haie, cours-y vite ! Il a filé !
Paul Fort, extrait des « Ballades du beau hasard »
💡 Astuce : Ce poème est souvent utilisé en classe pour initier les enfants à la poésie grâce à son rythme chantant et ses images bucoliques, mais il peut aussi être lu à voix haute pour en savourer la musicalité.
🔎 Analyse et sens caché du poème
À première vue, « Le bonheur est dans le pré » évoque l’insouciance, la nature et la joie simple de courir dans les champs. Il s’apparente à une comptine enfantine, pleine de fraîcheur et de légèreté, et c’est ainsi qu’il est le plus souvent enseigné à l’école.
💡 Astuce : Demandez aux enfants d’illustrer le poème pour développer leur imagination et leur sens de l’observation..
Pourtant, le contexte de création du poème lui donne une dimension bien plus profonde. Paul Fort l’écrit en 1917, alors que la France est meurtrie par la Première Guerre mondiale. Derrière la course après le bonheur, il y a l’idée d’un bonheur insaisissable, qui « file » et échappe à toute une génération marquée par la guerre et la perte. Le poème peut alors se lire comme une allégorie de la fuite du bonheur, du temps qui passe et de la nécessité de saisir l’instant présent avant qu’il ne disparaisse.
Certains critiques y voient aussi une évocation du sort des soldats, qui, au lieu de courir joyeusement dans les prés, doivent sauter hors des tranchées sous le feu ennemi. Le dernier vers, « Il a filé ! », prend alors une tonalité plus grave, symbolisant la perte du bonheur, voire de la vie.
🌱 Un poème entre nature, enfance et nostalgie
« Le bonheur est dans le pré » reste une ode à la nature et à la simplicité. Les références aux herbes (« l’ache et le serpolet »), aux animaux (« le bélier »), aux arbres fruitiers et aux jeux d’enfants (« saute par-dessus la haie ») rappellent la campagne, les plaisirs de l’enfance et le bonheur des petites choses.
La force du poème réside dans sa double lecture : il peut être reçu comme un hymne à la joie de vivre ou comme une méditation sur la fragilité du bonheur et la nécessité de le saisir tant qu’il est là.
📚 Pour aller plus loin
- Le poème a inspiré le titre du film « Le bonheur est dans le pré » d’Étienne Chatiliez (1995), clin d’œil à la force évocatrice de ces vers.
- Paul Fort est surnommé le « Prince des poètes » et a marqué la poésie française par ses textes simples, accessibles et profonds.
- Le poème figure dans de nombreux recueils pour enfants et anthologies de poésie, apprécié pour sa musicalité et sa portée universelle.
🌟 Conclusion
« Le bonheur est dans le pré » de Paul Fort est bien plus qu’une comptine : c’est un poème à double sens, à la fois léger et grave, qui invite à profiter de l’instant et à réfléchir à la fragilité du bonheur. Sa simplicité cache une profondeur qui résonne encore aujourd’hui, que l’on soit enfant ou adulte.
